63 Maxime Defert
« Maxime Defert », Les Lettres françaises, n° 1265, 8-14 janvier 1969, p. 28. (Sur l’exposition de M. Defert à la galerie Daniel Templon.)
Cinq toiles analogues, pour former non pas une série mais plutôt l’espace où elles vont se disposer d’elles-mêmes à la manière des figures debout d’un tableau unique. Cette autre toile imaginaire les enveloppe toutes cinq, leur impose une place définie, ramasse leur dispersion dans une seule profondeur picturale, et les ressaisit dans le plan d’une surface qui s’ouvre aussitôt pour que chacun de nous puisse y pénétrer. La réversibilité est la loi de chaque tableau. Par un simple jeu de verticales, d’horizontales et d’obliques, par un dégradé presque arithmétique de valeurs, par une opposition du mat et du luminescent, des colonnes s’avancent (ou s’esquivent), des lointains filent par-delà tout horizon (ou jaillissent comme des sources de lumière), des marches montent ou descendent. Qui fixera à cette architecture des axes définis ? Qui arrêtera le roulis des figures autour du plan imaginaire qui ne parvient pas à les retenir ? Regardez la toile de gauche et celle de droite. La distribution des valeurs y est méticuleusement inverse. Leurs oscillations sont incompatibles : et l’espace qui devait les capter dans l’immobilité d’un grand tableau fictif bascule à son tour.
Quant aux prismes, il ne faut pas se fier à leur solidité, à leurs arêtes si profondément inscrites. Les éléments supérieurs, qui semblent surgir de la grande surface sombre, que sont-ils ? Un intérieur secrètement travaillé par la lumière, et qui transperce les faces nocturnes de la figure ? Ou une floraison de formes fragiles à la superficie d’un volume bien fermé sur lui-même ? Les lignes qui géométrisent soigneusement les surfaces colorées ne définissent pas leurs rapports spatiaux et leur place respective ; ce sont plutôt les signes de leur incompatibilité ; elles composent, avec de grosses coutures noires, et selon des formes apparemment familières, des éléments qui n’ont pas de lieu commun.
프로젝트 7 : 미셸 푸코의 Dits et Ecrits 번역 작업/Dits et Ecrits 4권
Michel Foucault, dits et ecrits, tome I, 063. Maxime Defert
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