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프로젝트 7 : 미셸 푸코의 Dits et Ecrits 번역 작업/Dits et Ecrits 1권

Michel Foucault, dits et ecrits, tome I, 029. L'obligation d'écrire

by 상겔스 2024. 6. 25.
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29 L’obligation d’écrire


« L’obligation d’écrire », in « Nerval est-il le plus grand poète du XIXe siècle ? », Arts : lettres, spectacles, musique, n° 980, 11-17 novembre 1964, p. 7. (Fragment d’une enquête menée auprès de plusieurs écrivains à l’occasion de rééditions d’œuvres de Nerval.)

Nerval a eu un rapport à la littérature qui pour nous est étrange et familier. Troublant mais proche de ce que nous apprennent les plus grands de nos contemporains (Bataille, Blanchot). Son œuvre disait que la seule manière d’être au cœur de la littérature, c’est de se maintenir indéfiniment à sa limite, et comme au bord extérieur de son escarpement.

Nerval, pour nous, ce n’est pas une œuvre ; ce n’est pas même un effort abandonné pour faire passer dans une œuvre qui se dérobe une expérience qui lui serait obscure, étrangère ou rétive. Nerval, c’est sous nos yeux, aujourd’hui, un certain rapport continu et déchiqueté au langage : d’entrée de jeu, il a été happé en avant de lui-même par l’obligation vide d’écrire. Obligation qui ne prenait tour à tour la forme de romans, d’articles, de poèmes, de théâtre, que pour être aussitôt ruinée et recommencée. Les textes de Nerval ne nous ont pas laissé les fragments d’une œuvre, mais le constat répété qu’il faut écrire ; qu’on ne vit et qu’on ne meurt que d’écrire.

De là cette possibilité et cette impossibilité jumelles d’écrire et d’être, de là cette appartenance de l’écriture et de la folie que Nerval a fait surgir aux limites de la culture occidentale – à cette limite qui est creux et cœur. Comme une page imprimée, comme la dernière nuit de Nerval, nos jours maintenant sont noir et blanc.

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