145. Lettre
In Clavel (M.), Ce que je crois, Paris, Grasset, 1975, pp. 138-139.
En novembre 1967, Maurice Clavel salue Les Mots et les Choses comme l’équivalent de la Cri-tique de la raison pure. Mais Foucault a-t-il bien voulu comme Kant limiter le savoir pour foire place à la foi ? La démolition critique des trois cent cinquante premières pages ne s’arrêterait-elle pas au chapitre x devant la loi, le désir et la mort ? Rendant compte (Le Nouvel Observateur, n° 177,30 avril 1968) du Pour l’homme de Mikel Duffenne qui, après l’avoir assimilé aux structuralistes, attaque Foucault, au nom de l’humanisme historidste et progressiste, Clavel écrit : « On voit dans un véritable abîme l’immense disproportion entre le penseur et son critique. Qu’au regard de ce qu’il détruit, introduit {…} humanisme et structuralisme ne diffèrent pas beaucoup plus que ronron et petit patapon. » Dans Ce que je crois, Clavel rapporte que cette affirmation était en fait une question à Foucault. Aussi inclut-il la réponse dans son livre.
Voilà que l’allégresse de votre cavalcade secoue cet air lourd. Deux fois, mille fois bienvenue. À lire votre texte, une impression merveilleuse d’abord : votre voix ne vient pas d’avant, pour renouer ce qui a pu être rompu, réveiller les oublis, maintenir les vieux discours ; elle vient d’APRÈs, et de l’espace qui a pu être libéré ; c’est la première fois que j’entends une voix qui n’est ni celle du juge ni celle même du lecteur, mais celle de l’homme qui a déjà coupé la route, qui continue, qui avance à grands pas, dont je ne vois plus, devant moi, que le dos tourné, mais qui me crie à pleins poumons ce qu’il aperçoit.
Et puis, autre émerveillement : tout ce que vous m’aviez dit, jusqu’ici, m’avait profondément touché, j’étais heureux d’avoir pu vous rendre une sorte de service ; mais je ne savais pas lequel, j’attendais avec impatience de voir se dessiner cette figure un peu énigmatique à laquelle je me sentais lié. Le texte du Nouvel Observateur m’éclaire soudain, et me comble : tout ce que vous dites sur l’effort pour contourner non pas seulement la figure « humaniste », mais tout le champ structural, c’est cela que j’avais voulu faire ; mais la tâche m’avait paru si immense, elle demandait un tel déracinement que je ne l’ai pas conduite jusqu’au bout, que je ne l’ai pas formulée comme il faut et que je me suis, au dernier moment, bouché les yeux. En articulant les choses avec cette force, vous m’avez contraint, et libéré. En tout cas, si on me demande maintenant, comme on l’a fait souvent, « D’où parlez-vous donc ? », je dirai que j’ai parlé de ce point où je me tais maintenant, où Clavel a parlé pour moi, en passant, un jour où il partait dire des choses tellement plus importantes.
Maintenant que j’entends votre voix dans la campagne et que je devine les paysages qui sont déjà les vôtres 278, je suis heureux profondément d’avoir été le portier sédentaire, un peu innocent de cette belle cavalcade. Et je suis heureux que le cavalier soit vous […].
프로젝트 7 : 미셸 푸코의 Dits et Ecrits 번역 작업/Dits et Ecrits 4권
Michel Foucault, dits et ecrits, tome II, 145. Lettre In Clavel (M.), Ce que je crois, Paris, Grasset, 1975, pp. 138-139.
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